- La menace armée :
Le troisième problème était d'ordre exclusivement militaire. Il résultait de la menace qui pèsait sur la ville du fait de son encerclement par les Forces de l'Est.
Plusieurs formes d'action contre BERLIN-OUEST étaient possibles,à savoir dans l'ordre de probabilité décroissante :
- l’action sur les accès
- la subversion
- l’attaque armée.
Latteinte aux accès pouvait se concrétiser par un blocus à différents degrés. Nous avons vu que LIVE OAK était chargé de mettre en oeuvre les parades à ce blocus.
L’Est pouvait également chercher la désintégration interne par la subversion. La parade était du ressort des Généraux Commandant agissant en comité. Ils disposaient de la police allemande qu'ils actionnaient soit directement, soit par l'intermédiaire du Sénat.
L’attaque armée pouvait avoir pour objet, soit de s'assurer un objectif limité, soit de s’emparer de la totalité des secteurs occidentaux. L’Est, vous avez pu le constater, ne manquait pas de moyens pour cela. Cette éventualité était toutefois considérée comme l'hypothèse la moins probable.
Un catalogue de mesures militaires variées existait. Le groupe des trois Ambassadeurs à BONN recevait ses directives des gouvernements alliés et coordonnait les plans relatifs à BERLIN. Sur le plan local, compte tenu du rapport des Forces, il ne pouvait être question que de conserver le plus longtemps possible le contrôle de certains points pour permettre à l'action des gouvernements alliés de se développer sur les plans diplomatique et stratégique. Les trois problèmes évoqués montrent combien, à BERLIN, était artificielle la distinction entre les questions civiles et les questions militaires.
En fait, le problème de BERLIN formait un tout, et suivait un développement parallèle à l’évolution des rapports Est-Ouest et à celle des relations entre les deux Allemagnes.
- HISTORIQUE DU MUR
- BERLIN de 1945 à 1961.
L'union réalisée devant la menace allemande dure peu. Par étapes successives, la rupture s’établit entre Alliés occidentaux et l'Union Soviétique.
En 1948, cette dernière ordonne une réforme monétaire valable sur l'ensemble de BERLIN. Les occidentaux opposent leur refus et appliquent à leur secteur la réforme monétaire d'Allemagne de l'Ouest. En représailles les soviétiques installent le Blocus, le 24 juin 1948 avec les événements que l'on connaît : rationnement de la population et opération survie grâce au Pont aérien.
Lorsque les soviétiques lèvent le Blocus, le 12 mai 1949, la ville reste divisée. D'autres événements ou décisions politiques continuent à accentuer cette division. Le 23 mai 1949, la République Fédérale d'Allemagne voit le jour ; Berlin est proclamée Land de la République. Le 7 octobre de la même année, la République démocratique allemande est proclamée à Berlin-Est ; le trafic tramway et bus est interrompu entre les deux Berlin.
Le 17 juin 1953, des manifestations populaires ont lieu en Allemagne de l'Est et à Berlin-Est. De jeunes ouvriers traversent la Porte de Brandebourg vers Berlin-Ouest. L'armée soviétique intervient, la répression est sanglante.
Le 19 décembre 1957, les autorités de R.D.A., adoptent des dispositions renforcées contre ceux qui "fuient la République" et quelques jours plus tard, contre ceux qui quittent Berlin-Est sans autorisation.
Et c'est en vain que les quatre Grands se réunissent ¦ à GENEVE en 1959 ; aucune solution n'est apportée au problème de Berlin.
Le 13 août 1961, Berlin-Ouest est verrouillée par le MUR.
- BERLIN le 13 août 1961.
Dans la nuit du 12 au 13 août, la R.D.A. met en place un réseau de barbelés (45 kms en une journée), verrouillant Berlin-Ouest. Le réseau est renforcé les jours suivants, par des barrières et par des murs de béton.
Les autorités de l'Est déclarent que cette mesure est prise afin "d'établir l'ordre sur cette frontière pour une meilleure surveillance et un contrôle sûr". Brutalement, 53.000 berlinois de l'Est, "traitres vendant leur travail aux militaristes de Berlin-Ouest" ne peuvent plus se rendre à leur travail.
Toute fuite des habitantes de Berlin-Est, qui jusqu'alors avaient afflué par centaines de milliers, (17791 en mai 1961 - 19198 en juin - 30145 en juillet) est désormais impossible.
"Au mépris de toute humanité, les liens naturels de la capitale allemande ont été brisés, des familles divisées et une grande partie de notre peuple enfermée dans une immense prison", déclare le Maire de Berlin.
Le ministère de l'intérieur Est-allemand somme la population de l'Ouest comme de l'Est "dans l'intérêt de sa propre sécurité" de ne pas s'approcher à moins de 100 mètres du MUR. Devant cette audace, les trois Commandants occidentaux, d'accord avec leur gouvernement, donnent l'ordre à leurs troupes de prendre la "Garde au MUR", côté occidental bien entendu.
Le mur, qui partage la ville en deux, mesure 46 km.
- BERLIN de 1961 à 1976.
Le cas de Berlin frappe les imaginations : une population occupée en deux, des familles mutilées. Les Grands de ce monde défilent devant le "MUR". JOHNSON en 1961, KENNEDY en 1963, la Reine ELISABETH en 1965, le Shah d'Iran en 1967, NIXON en 1969, Giscard d'Estaing en 1976… ...
Des pacifistes déposent des pancartes et des berlinois de l'Est continuent de fuir par des souterrains, par les canaux et de mourir (70 depuis 1961) sous les balles de leurs jeunes concitoyens : beaucoup de jeunes communistes, F.D.J. (Frei Deutsche Jugend) se sont engagés pour répondre à l'appel des gouvernants de l'Est.
Ces derniers prennent une attitude tracassière à l'égard des habitants de l'Ouest ; les points de passages sont de plus en plus réduits, les formalités pour obtenir un laissez-passer de plus en plus longues. Les allemands de R.F.A. ont comparativement plus de facilités que les berlinois de l'Ouest eux mêmes, auxquels l'accès de l'Est est interdit depuis le 17 août 1961. Il faut attendre décembre 1963 et de nombreuses séances de négociations tenues alternativement à l'Est et à l'Ouest pour qu'après 28 mois de séparation, les berlinois de l'Ouest obtiennent la permission de rendre visite à leur famille de l'Est pour les fêtes de fin d'année : un million de visiteurs, le MUR est entrouvert. En 1976, les berlinois de l'Ouest ont un droit de visite de 30 jours par an pour rencontrer leur famille de l'Est. Certaines conditions de change, de visa, de contrôles policiers et douaniers sont à observer très strictement. D'un autre côté les retraités de l'Est ont le droit de visiter leur famille à l'Ouest pour un temps maximal de quatre semaines.
Cet "assouplissement est le résultat d'accords quadripartites signés en 1971".
Le MUR lui-même est entretenu avec soin. Il est sans cesse amélioré, modernisé, renforcé. Chaque tentative de fuite, chaque réussite, entraîne une modification du MUR, même là où il semblait impensable d'ajouter encore un obstacle ! Il y a toujours de nouveaux raffinements : les rouleaux anti-grappins qui couronnent la première ligne d'obstacles, le couloir à chien, de nouvelles herses, des fils électrifiés etc...Il y a même des modifications de parcours et depuis peu des échanges de terrain avec le Sénat de Berlin-Ouest afin de rendre certains itinéraires plus fonctionnels.
Le MUR ceinture Berlin sur 161 km. La partie sectorale sépare le secteur soviétique (Berlin-Est) des trois secteurs occidentaux (Berlin-Ouest) sur 46 km. C’est une partie qui comprend essentiellement un espace urbain à l'ouest, et un espace à demi urbain et à demi rural à l'est. La partie zonale sépare les mêmes secteurs occidentaux du territoire de la R.D.A. Cette partie est composée d'espaces principalement ruraux.